_ lèvestoi. vis. survis. vatecoucher. et recommences ..

{ lundi soir. }

Brookelle. Tout ce qu'elle ressentait, c'était le vide. Ce même vide. Semblable. Un vide terrible, qu'elle aurait pu appeler manque, besoin, impuissance, frustration. Qui l'obsédait, la rongeait, l'engloutirait bientôt. Qui gâchait ses journées, qui pourrissait ses nuits, la tenant éveillée de longues heures maudites, de longues heures de tortures où elle aurait pu trouver un peu de répit. Qui décolorait l'aube et le ciel, plombait les musiques les plus gaies, changeait les airs de danses en marches funèbres, les films comiques en tragédies, la nature en désert et ses rêves en poussières. C'était comme une fièvre, une mauvaise défonce, une crise de manque. Ce vide impossible à négliger dont elle était possédée. Parfois, voire même souvent, elle détestait sa vie. Elle détèstait tout. Pourtant une fois de plus, il paraît qu'elle n'avait pas le droit de s'en plaindre. Parce qu'il paraît qu'elle avait tout pour plaire. Tout. Non en fait, elle n'avait rien. Du moins, presque rien. Mais rien était comme tel.

Demain, ça allait faire un mois que Brookelle ne souffrait plus d'anorexie. Il faut dire que la boulimie, c'est ce qui l'a tentait le plus désormais. Mais on ne pouvait pas dire qu'elle était retombée dans tout ce trou noir. En tout cas, pour elle, elle n'était jamais tombée dans ce trou noir, et n'y tombera jamais. N'empêche, elle semblait si mince. Trop mince. Elle aimait cette apparence ectoplasmique. Elle était l'allégorie de sa propre déprime, l'incarnation du laisser-aller et du désespoir. Tant bien que mal, avant, elle aimait la vie, parce qu'elle l'avait en commun avec pas mal de monde. Avant, elle aimait la vie, même les malgrès tout. Aujourd'hui, deux des personnes les plus primordiales à sa vie ne lui parlait plus. Aujourd'hui, elle chérissait deux fantôme, deux souvenirs. Elle pensait encore à eux, chaque jour, chaque minute, chaque seconde. Absurde constance. Ca devait rester secret. Elle avait beau vivre, si on peut appeler ça vivre, elle avait beau aimer baiser comme tout le monde, elle avait beau sortir ... Alex & Kill-ee. Kill-ee & Alex.

Elle regardait les gens, leurs pas qui les emportaient vers une finalité absente. Et au fond d'elle-même, une imagine qui la hantait. Elle les connaissais mieux que personne. Elle croyait les connaître mieux que personne. En fait, elle ne savait rien. Apparement. Et maintenant Blair. Brookelle avait le même état d'esprit. Elles détestaient la platitude et la médiocrité. Et tout ces trucs & détails à la con.

Brookelle ne savait pas pourquoi elle existait vraiment. Elle prit le temps de réfléchir. Même si au fond, elle le savait très bien. Maintenant qu'Alex & Kill-ee n'étaient plus là, elle savait pourquoi elle existait. Elle existait pour eux. Elle existait pour Ryan. Ryan qu'elle voyait de moins en moins ... de moins en moins. Et de moins en moins. Pendant quelques secondes, Brookelle eût un haut-le-coeur. Elle se disait que Ryan pouvait très bien avoir une autre copine à côté, et qu'il n'avait juste pas les couilles de le lui dire.

Quelle horrible personne devenait donc Brookelle ? Une pure Waldorf ? A première vue, oui. Mais c'était comme forcé. Et évidemment, la seule qui le savait ça, c'était la conscience de Brookelle. Ni même Brookelle ne s'en rendait compte en fait. Elle était faible, et avait l'impression que son corps se tuait lentement. Seul son esprit plein de souvenirs aussi sales que parfaits était encore vivace. Elle préférait ressasser le bienheureux passé que de se contenter de se présent de merde. Elle se morfondais dans sa douleur.

« Bande de cons. Vous n'auriez jamais dû me connaître. »

Elle était dans sa salle de bain, et peignait légèrement sur son visage les couleurs de la vie. Elle manipulait mécaniquement son mascara Chanel qu'elle se foutait éperdument du fait que c'était Chanel, et de sa foutue poudre Guerlain, qu'elle se foutant éperdument du fait que c'était Guerlain. Elle se préparait. Ce soir, elle sortait. Comme hier, comme demain. Elle sortait, encore.

Elle s'habilla. Du noir, du noir, du noir. Un sac Dior que Blair lui avait demandé de pendre à son bras ce soir. Brookelle et sa dégaine de pouffiasse la ravit. Une pouffiasse en deuil. Elle se dégoûtait. La jeune femme eût un flash en s'arrêtant devant la frande glace de l'entrée. Elle se revoyait trois mois plus tôt. Venant d'avorter, amoureuse d'un mec qui lui était interdit, jalouse du bohneur de sa soeur.

Un taxi l'attendait en bas. Il faisait froid, nuit, sombre, peu importe. Il était minuit et demi. Brookelle monta, et s'asseya à l'arrière, où elle noyait sa lassitude sur les banquette en cuir de la bagnole. Elle avait demandé Times Square, et ne savait pas ce qu'elle allait y faire. En fait, elle avait rendez-vous avec Blair, Nathaniel, Dan, Serena, Chuck, October. Seulement, elle n'avait pas envie de subir les serments de chère et tendre cousine à propos du fait que Brookelle était bien trop jeune pour foutre sa vie en l'air, sa vie entière, en l'air, tout ça en se mariant pour un amour sale et éternel que l'on déclarait sous l'autel d'une simple église. Non, elle n'en avait pas envie. Du tout.

Brookelle descendit donc en plein milieu de l'avenue. Ils l'attendait à l'autre bout de la rue. Fallait pas s'en faire. Un simple sms disant qu'elle était trop fatiguée envoyé à October, et le tour est joué. A October, et non pas à Blair. Blair saurait bien que c'est de la merde pré-inventée. Blair est comme Brookelle. Pas si conne.

Jeune femme triste et solitaire en plein milieu de Times Square. On pourrait la prendre pour une pute. Alors elle avança. De toutes façons, vu comme elle était habillée, ça allait être dur. Elle avait un simple slim en jean délavé, ses beaux escarpins noirs, et un gilet noir basique. Et pourtant, elle faisait tellement classe. Elle avait envie de balancer son sac Dior à la poubelle. Enfin, c'était le sac à Blair mais bon. Brookelle marcha a une vitesse moyenne. Jusqu'à ce que, comme d'habitude, quelqu'un s'heurte contre elle. Mais croyez-le ou non, c'était pas n'importe qui. Mademoiselle Kill-ee Beth, en personne, depuis trois semaines. Brookelle ne souriait pas. Son regard ne souriait pas. Qu'avait-elle à la regarder ainsi ? La jeune femme n'en ajouta pas un mot. Que dire ? « Ouais, ça va depuis que tu m'as dis qu'il fallait que je regarde mon propore cas avant de critiquer ? » . Pff, n'importe quoi. Brookelle n'avait qu'une envie. Continuer tout droit, sa putain de face contre le sens du vent, à marcher dignement tel une Waldorf. C'est bien ce qu'elle était en partie. De plus, on ne l'appelait pas Queen B. pour rien. De toutes façons, ça n'est pas ce qu'elle fit. Elle resta là. Sans rien dire. Encore.